Mais comment c’était, avant les titres-restaurant ?

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Mother preparing for her children lunch box

Nous avons tellement pris l’habitude de déjeuner avec nos titres-restaurant que nous en avons souvent oublié la belle avancée qu’ils représentent au quotidien.

Souvenons-nous ensemble…

Une affaire de femmes

Il fut un temps où le repas de midi au travail dépendait exclusivement des femmes du foyer. Quand ces messieurs ne rentraient pas pour déjeuner à la maison, ils partaient travailler le matin avec leur “gamelle”. Celle-ci contenait leur déjeuner, préparé à la maison par leur épouse, leur sœur ou leur mère.

Ces “gamelles”, ustensiles en métal, ne conservaient le chaud que très peu de temps. Certains avaient la possibilité de réchauffer leur nourriture sur place, au bain marie ou au feu de bois. Les autres mangeaient froid.

Quand la femme restait au foyer, elle se levait plus tôt pour préparer le repas du midi. Quand elle travaillait, elle obtenait souvent une pause plus longue le midi pour pouvoir rentrer et préparer le repas des hommes de la maison, et le sien. Les plus “chanceux” avaient une femme dévouée qui faisait même le déplacement pour apporter le repas chaud tout juste cuisiné.

Révolution industrielle : le début des cantines

La révolution industrielle a modifié nos habitudes sociales. Les femmes ont été de plus en plus nombreuses à travailler. Les journées continues ont été mises en place. Afin de faciliter le quotidien de tous, quelques cantines ont commencé à voir le jour sous la forme de locaux aménagés permettant de réchauffer sa gamelle et de manger.

Cette première étape fut un réel soulagement pour ces femmes ayant un emploi qui ont pu apprécier cette “vraie” pause et le gain de temps en trajet. Cependant, la gamelle est restée encore longtemps ancrée dans la culture ouvrière. Les ouvriers, eux, continuaient souvent de prendre leur repas dans les vestiaires ou sur le chantier, refusant de se mêler aux cadres… et inversement.

De la gamelle au titre-restaurant

Petit à petit, des plats chauds ont été proposés à la vente aux salariés. Mais seuls quelques-uns pouvaient financièrement se le permettre, les autres continuant à réchauffer leurs repas. Il faudra attendre 1945 pour voir la création des comités d’entreprise et les débuts de la restauration collective telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Même si le coût du repas était désormais en partie absorbé par l’entreprise, il n’en restait pas moins toujours un budget difficile à débourser pour certains.

Par ailleurs, il n’était pas toujours facile de déjeuner dans les meilleures conditions : des lieux pas assez grands pour que tout le monde y trouve sa chaise et sa table, le regard de ceux qui jugeaient le contenu de l’assiette du voisin… Pas facile non plus pour ceux qui suivent des régimes particuliers.

Le titre-restaurant a été une avancée formidable qui a aplani bien des disparités, et a permis de mettre un peu de “beurre dans les épinards”. Accessible à toutes les entreprises et à tous les employés, il a considérablement simplifié la prise de repas au cours d’une journée de travail : on consomme ce que l’on veut, où l’on veut autour de son lieu de travail, comme on veut. Chaud, froid, salé, sucré, seul ou ensemble, chacun fait comme il lui plaît.

La condition de la femme a considérablement évolué depuis le siècle dernier et personne ne s’en plaindra. À sa petite mesure, le titre-restaurant y a participé. Et, en plus de son bénéfice social, il représente une augmentation du pouvoir d’achat pour les salariés du fait de son exonération fiscale. Bref, le chèque et la carte Pass Restaurant, ça change les vies !

Quelques ressources

Cantines et restauration collective

La gamelle comme symbole des déjeuners

La pause déjeuner chez les ouvriers du 19e siècle