Mieux connecter pour bien collaborer grâce à la pause déjeuner ?

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La technologie a transformé le rapport du salarié à son lieu de travail. Muni d’une bonne connexion wifi, un café, son propre salon ou une rame de train deviennent de potentiels espaces de travail.

Et si la pause déjeuner était le réseau social le plus puissant au travail ? Bienvenue dans l’ère du bureau nomade.

Open space, flex office, télétravail… Si les innovations se succèdent pour offrir davantage de flexibilité n’est-ce pas au dépend de la relation humaine ?  Alors que la priorité N°1 des organisations est de fédérer les équipes, comment créer du lien social entre les employés dans un contexte professionnel toujours plus fragmenté ? Et si repenser la pause déjeuner était la solution ?

Nouvelles générations, nouvelles habitudes

Les générations Y et Z ont grandi dans une société transformée par le digital. Habituées du sur-mesure et de l’hyperpersonnalisation, elles s’épanouissent dans les modèles organisationnels où les habitudes, contraintes et envies de chacun peuvent être entendues. Loin de la culture du restaurant d’entreprise unique, elles attendent de leurs employeurs qu’ils s’adaptent à leurs habitudes alimentaires.

 

Parmi ces habitudes, le DIY (ou Do It Yourself), à savoir emmener sa lunch box sur son lieu de travail. Que ce soit pour des raisons économiques, personnelles ou alimentaires, le mouvement est mondialisé. En 2018, 22%* des employés français amenaient leur propre déjeuner sur leur lieu de travail. Une statistique en hausse constante, mettant en lumière une offre de restauration ne répondant plus aux envies des employés et qui incite les entreprises à repenser leurs espaces de restauration.

Également en plein boum auprès des nouvelles générations, la livraison sur le lieu de travail gagne du terrain. Avec une progression de 20% en trois ans, le marché de la livraison de repas sur l’heure du déjeuner s’installe comme une option essentielle de la restauration en entreprise.

Ces évolutions sont à contraster avec un mouvement bien plus inquiétant : l’essor du déjeuner à son poste de travail. En effet, 65% des travailleurs américains déclare manger devant leur écran, ou ne pas prendre de pause déjeuner du tout.

Un chiffre à ne pas prendre à la légère par les employeurs. Les études sur les méfaits de cette pratique se multiplient et sont unanimes : manger devant son écran n’est pas bon pour la santé, fait baisser productivité et créativité, génère des burn-out et affecte la loyauté des employés.

Des solutions existent pourtant.

Repenser les échanges…

Habitudes qui évoluent, vies professionnelles de plus en plus prenantes, difficile pour les employeurs de poser un cadre pour orienter ces nouvelles pratiques et encourager les échanges entre salariés.

27% des salariés européens s’isolent régulièrement à leur bureau pour manger plus vite et plus tranquillement. En France, 15% des employés considèrent même la pause déjeuner en entreprise comme une “obligation”, plutôt qu’un “moment convivial”.

L’enjeu est donc de taille : repenser les instants de pause pour recréer du lien au sein de l’organisation. Mais au-delà de la simple expérience de la pause et de la construction des échanges en interne, le plus important reste leur finalité. La collaboration.

…pour mieux collaborer

Longtemps séparées, vies personnelles et professionnelles tendent désormais à s’entrelacer, et finissent parfois même par se confondre.

Du point de vue de l’employeur, il s’agit d’un excellent signe. De nombreuses études ont été menées sur la sociabilisation au travail et leurs résultats sont sans appel : des « collaborateurs amis font des patrons vernis ». Une étude publiée dans le Gallup report démontre que 50% des employés ayant un “meilleur ami” sur leur lieu de travail se déclarent très attachés à leur entreprise et très enjoués à l’idée de venir travailler. À l’inverse, les personnes considérant ne pas avoir de fortes affinités avec leurs collègues ne sont que 10% à montrer un engagement aussi fort avec leur entreprise.

S’il est difficile de créer ces amitiés de toutes pièces, il est tout à fait possible de créer un cadre propice à leur naissance.

Tour d’horizon des dispositifs émergents dans les open-space du monde entier.

Créer des instants… pour connecter

Déjeuner en équipe pour déconnecter et faire redescendre la pression. Cela peut paraître évident. Pourtant, les rythmes et régimes de chacun peuvent rendre cette action, en apparence si simple, bien compliquée. C’est pour y répondre que de nombreux acteurs du titre restaurant  font évoluer leur application : commandes groupées, réservations ou livraisons sont autant de services qui viennent faciliter le déjeuner en équipe. Les employés peuvent connecter, sans avoir à se soucier d’où manger.

Penser des instants… pour fédérer

Rencontres sur la pause déjeuner entre dirigeants et employés, demi-journées d’atelier de cohésion d’équipe, ou classique séminaire de plusieurs jours : les instants pour fédérer les équipes sont nombreux et essentiels. Ces moments permettent de galvaniser les équipes mais ne sont pas les plus récurrents. Des rituels quotidiens peuvent être mis en place aisément au sein de tout type d’organisation pour faciliter les échanges entre salariés.

L’entreprise Soul Bottles l’a bien compris en mettant en place, dès sa création, les “cooking together lunch”. Le concept est dans le nom : faire cuisiner et déjeuner les collaborateurs ensemble, tous les midis. Ces instants jouent à la fois un rôle de icebreaker pour les nouveaux arrivants, comme un événement quotidien fédérateur pour les plus anciens. La pause déjeuner prend ainsi une tournure sociale, ludique tout en garantissant un repas bon, équilibré, et gratuit pour tous les employés.

Inventer des instants… pour libérer.

L’environnement professionnel peut être générateur de stress. De discussions à la machine à café aux activités sportives, la mise en place d’un temps de pause régulier permet aux employés de rester motivés et performants. Ces bouffées d’air frais sont l’opportunité de prendre un peu hauteur sur ses projets, pour mieux s’y replonger.

C’est pourquoi les entreprises redoublent d’ingéniosité pour repenser leurs bureaux et y dédier des espaces bien-être. C’est par exemple le cas de WeWork ou Spaces, qui proposent salles de relaxation, salles de sieste, zones sans écrans ou encore quarts d’heure de méditation à l’ensemble de leurs locataires. Un modèle innovant qui fait rimer bien-être employé avec productivité.

Quelle place pour le lien social à l’heure du télétravail ?

Pour la majorité des employés à travers le monde, le confinement a été un test, un peu forcé, de ce à quoi pourrait ressembler le monde du travail de demain. Plus de bureaux, tous connectés grâce à des outils collaboratifs mais avec des interactions physiques et sociales limitées. C’est surement sur ce dernier point que la difficulté est la plus grande et les conséquences les plus importantes.

Perte de motivation, désengagement, employé fantôme, crise de confiance, la liste est longue et il est essentiel de continuer de construire du lien entre collègues, même à distance.

Le cabinet KPMG s’est penché sur cette épineuse question et a identifié trois leviers essentiels et des actions simples à mettre en place :

  • « Be safe and healthy » : recréer des routines “food” avec ses collègues, partagez des repas même à distance, se retrouver pour faire du sport.
  • « Be digital and flexible » : La communication 100% en ligne peut parfois être dure à appréhender, il ne faut pas hésiter, donc, à utiliser divers canaux de communication selon les projets et les personnes impliquées dessus : email, téléphone, messagerie instantanée, visioconférence.
  • « Be actively engaged » : aider ses collègues/employés à rester engagés dans leur équipe en redéfinissant et en adaptant leurs objectifs et leurs rituels à cette nouvelle vie.

Dans un contexte professionnel toujours plus modulaire et fragmenté, les organisations repensent leurs espaces de travail pour créer, amplifier et renforcer le lien entre les collaborateurs. Prenant conscience de l’impact du bien-être employé sur la productivité, elles investissent et réinventent les temps de travail non-travaillés : les repas et les pauses ne sont plus des à-côtés de la journée de travail, mais font partie intégrante de l’expérience collaborateur.

Des instants fugaces qui ont le pouvoir de ressourcer, fédérer et motiver les employés, et qui impactent fortement l’ensemble de l’entreprise. La mise en place de nouveaux dispositifs pour faciliter ces moments de rencontre et d’échange au quotidien sera donc, sans nul doute, au cœur des grandes transformations organisationnelles des prochaines années.